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La Légende du Vampyre... Du moyen-Age au XVIIIème siècle

Du Moyen Age au XVIIIe

LES VAMPYRES
LE DEBUT DES LEGENDES, QUI DEVIENDRONT UNE REALITEE


Au fur et à mesure que la chrétienté se répand, la vision est plus simple : tous les dieux d'autres cultes deviennent des démons.

A ce sujet, l'église chrétienne du Moyen-Age ( surtout entre le Vème et le Xème siècle) a eu recours à l'assimilation des principes des divinités "étrangères" , ainsi que des légendes populaires, afin de faciliter la fusion des individus dans la religion catholique. Devenus des anges ou des saints, les dieux originels virent leurs noms relégués à un bestiaire démoniaque et leur symbolique "recyclée". A partir du Vème siècle, les "Capitulaires" condamnent à mort le paganisme, et marquent le début de la persécution de ceux qui refusent toujours le dieu unique.
La population est terrorisée par les visions infernales de Jugement Dernier.

En 781, un Capitulaire saxon dénonce des cultes dits diaboliques, et interdit définitivement les festins de chair humaine et les rites magiques. Les Buveurs de Sang sont pourchassés sans distinction, disparaissent presque.

En 1031, l'évêque de Cahors évoque dans le Concile de Limoge le premier cas de vampirisme recensé depuis longtemps. Il s'agit du corps d'un soldat qui avait refusé les Saints Sacrements, et qui était retrouvé hors de terre à chaque tentative d'enterrement dans un cimetière consacré. Le corps ne trouva la paix que lorsque des amis l'ensevelirent en terre profane.

En 1484, le pape Innocent VIII reconnaît officiellement l'existence des morts- vivants en approuvant la publication de Malleus Maleficarum, ouvrage de deux dominicains contenant toutes sortes de récits sur des défunts, généralement des excommunies. En effet, la croyance aux morts-vivants représente une excellente occasion pour raffermir l'autorité de l'Eglise : sujets du vampirisme deviennent uniquement les exclus de l'Eglise ou les débauchés, dont les caractéristiques physiques coïncident trop avec celles des morts-vivants au teint jaunâtre, décharnés, malodorants.
Les premiers écrits mettant en scène l'apparition du mort-vivant et ses agissements dans le monde des vivants, sont œuvre de deux auteurs britanniques du XIIeme siècle, Map et de Newburgh qui, dans leurs chroniques, rédigées en latin, rapportent divers écrits concernant l'existence de défunts sortant la nuit de leur tombe, afin de tourmenter leurs proches et de leur sucer le sang. A l'ouverture de leur tombe, on trouve les cadavres intacts et maculés de sang. Pour les arrêter, le seul moyen est de transpercer les corps morts a l'aide d'une épée.

Cette description regroupe déjà une grande partie des caractéristiques du vampire , revenant fait de chair et d'os (contrairement au fantôme) qui se déplace la nuit pour se nourrir du sang de ses proches. Cependant, on ne retrouve pas la transmission du vampirisme aux personnes mordues. A ce moment-là, on ne parle pas encore de vampire mais de cadaver sanguisugus.
On retrouve déjà quelques cas de vampirisme : En 1337 et 1347, deux vampires furent découverts, empalés puis réduits en cendres puis, de 1346 à 1353, une épidémie de peste noire s'abattit sur l'Europe, on croyait que la maladie flottait dans l'air comme la brume et s'abattait sur ses victimes, et qu'elle disparaissait au son des cloches de l'église. Enfin, en 1414, Sigismond de Hongrie (1368/1437) fait reconnaître officiellement les vampires par l'Eglise Orthodoxe, lors du Concile œcuménique. En 1520, on recense 30 000 cas de lycantropie (toujours confondu avec le vampire). C'est une psychose générale, et l'Eglise décide d'ordonner une enquête officielle sur ce phénomène qu'elle considère encore comme une superstition dénuée de tout fondement. En effet, depuis le Xème siècle, l'Eglise freinait les assimilations des légendes à au culte, celles-ci ayant tendance à trop le détourner de son austère but original de pureté spirituelle. Il fallait à présent des années, voire des siècles, avant que ne soit reconnu un nouveau saint, ou un miracle.

En 1552, une réforme officialise le vampire, et donne les moyens de le détruire, et de prévenir sa prolifération. Puisqu'on a demandé son avis à l'Eglise Catholique Romaine, elle va répondre, après bien des hésitations : les vampires sont selon elle des excommuniés, à qui Dieu refuse le repos éternel de l'âme : les symboles de la foi seront les armes contre eux. L'existence du vampire est désormais soutenue "officiellement", et au lieu d'en venir à bout, cette validation va encourager ses apparitions et "codifier" quelque peu sa destruction.

-Le XVIIIe
Après une certaine accalmie, le vampire revient en en cette fin du XVIIème, et une nouvelle vague de chasse aux vampires déferla, qui correspondait à peu près à l'époque des plus importantes chasses aux sorcières de l'histoire du Christianisme.
Dans les salons littéraires, on aime se faire peur : c'est la période du Gothique, ou Roman noir, et le diable fait partie des sujets de prédilection. Les traités de voyageurs qui sont allés à l'est, où le vampire s'est "institutionnalisé", se multiplient. Dans les campagnes, la peur règne, la population rurale est en proie à une sorte d'obsession morbide qui tourne à la panique ... On voyait des vampires partout, les polémiques concernant leur existence réelle battaient leur plein.
Le terme même de " vampire " apparaît pour la première fois dans un document officiel vers 1725 en Hongrie, dans un rapport fait par les autorités autrichiennes à propos d'un paysan nommé Peter Plogojowictz, accusé d'être réapparu après sa mort et d'avoir causé le décès de huit personnes dans son village natal de Kizilova. En France, c'est en 1732, à la suite d'une affaire similaire, le cas d'Arnold Paole accusé des mêmes maux, que le terme de vampire apparaît officiellement dans un article de la revue franco-hollandaise, Le Glaneur, traitant de ces deux cas. Ces deux affaires de vampirisme devaient donner naissance à une longue liste de non-morts attestés par l'Eglise, liste attestée lors du Concile de 1414, et les autorités locales, et ce dans toute l'Europe, jusqu'au XVIIIe siècle qui, malgré son appellation de Siècle des Lumières, vit une recrudescence étonnante de l'obscurantisme exacerbé à propos des cas de vampirisme.

Le terme de " vampire " n'apparaît qu'en 1746 dans la Dissertation sur les apparitions des anges, des démons et des esprits, sur les revenants et les vampires de Don Augustin Calmet.

Dans un autre ouvrage du même auteur- Vampires de la Hongrie et de ses alentours (1749), on trouve la définition suivante du vampire : " Les revenants de Hongrie, les vampires, sont des hommes morts depuis un temps considérable, quelquefois plus, quelquefois moins long, qui sortent de leurs tombeaux et viennent inquiéter les vivants, leur sucer le sang, leurs apparaissent, font le tintamarre a leur porte et enfin leur causent la mort. "

D'où vient ce mot de vampire ? Il existe plusieurs étymologies possibles : le terme "vampire ", tel qu'il est orthographie aujourd'hui, serait emprunte a l'allemand vampir, dérive du serbe vampir, mort qui viendrait du mot turc uber, qui signifie sorcière ; ou alors, il proviendrait de la forme du slavon opir. Cette forme s'est conservée dans la langue serbe moderne, ou l'on rencontre le verbe piriti (se gonfler, s'enfler). Cette théorie semble très plausible, si l'on prend en considération les différentes représentations du vampire dans l'imaginaire slave.

C'est, en effet, dans les pays de l'Est, particulièrement en Hongrie et en Roumanie que les cas de vampirisme furent les plus fréquents. En effet, la mythologie de ces pays regorge de créatures infernales censées réapparaître sur terre une fois par an, la nuit de la Saint-André (30 novembre), et pendant laquelle toutes les créatures de l'enfer, et en particulier les vampires, peuvent surgir et se lancer dans des batailles aériennes dont l'issue pouvait apporter la prospérité au pays, ou à l'inverse, les pires épidémies. L'apparence fréquemment attribuée au vampire par ces populations bulgare et serbe, est celle d'une outre vivante, remplie de sang, et qui roule par terre. Le vampire cause de différents dégâts :il chevauche le bétail, boit son sang et s'attaque parfois aux humains. Le seul moyen de l'éliminer est de le percer avec une aiguille, une épine, un clou ou tout autre objet aigu. Meme lorsqu'il emprunte une apparence humaine, la seule façon de le détruire reste de le transpercer. Dans ce cas, de son corps gélatineux et sans aucun os, s'écoule tout le sang qu'il a absorbe.

On assista, tout au long du XVIIIe siècle en l'Europe, à de nombreuses épidémies virulentes qui dévastèrent une grande partie de la population des villes et des campagnes. On peut citer en particulier la grande peste de 1720 qui, partie de Marseille, fit des milliers de victimes, et se propagea aussi bien en Pologne, qu'en Hongrie et autres pays limitrophes, pour remonter jusqu'à Moscou. Trois ans plus tard, en 1723, ce fut le tour de Lisbonne de connaître une violente épidémie de fièvre jaune qui s'étendit également à toute l'Europe, de même qu'une épidémie de variole qui décima une grande partie de la population enfantine. En 1783, une seconde épidémie de peste ravagea à nouveau l'Europe de l'Est, alors que les premiers cas de choléra allaient déferler sur le continent au cours du siècle suivant, venant de l'Europe orientale pour se répandre avec une rapidité fulgurante dans toute l'Europe occidentale, sans oublier la tuberculose responsable elle aussi de nombreux décès.
Ces épidémies répétées étaient évidemment la conséquence de l'accroissement des échanges de population liés aux progrès importants des moyens de transports, mais elles furent attribuées, surtout dans les régions les plus reculées comme l'étaient alors les pays d'Europe de l'Est (en majorité des communautés rurales) à des causes irrationnelles, dont le vampirisme apparaissait comme l'explication la plus plausible, renforcée par les légendes et les superstitions des pays touchés. D'autres facteurs de maladies infectieuses étaient les animaux sauvages qui propageaient diverses maladies, en particulier la rage, d'autant plus que les animaux d'élevage (bœufs, moutons) pouvaient aussi transmettre des maladies à l'homme comme la maladie du charbon. Celle-ci, en effet, contamine quiconque mange de la viande infectée insuffisamment cuite. Bien que naturelles, ces épidémies furent mises sur le compte de créatures sorties de la tombe pour venir infester les vivants.
De là, fleurirent de nombreux moyens plus ou moins archaïques pour se protéger du vampire : on entourait portes et fenêtres de fleurs d'ail (comme dans l'Antiquité), ou de façon plus radicale, on déterrait le cadavre accusé d'être un vampire pour lui couper la tête et lui enfoncer un pieu dans le cœur. Ainsi, à Vienne en 1732, 17 cadavres furent jugés pour vampirisme, condamnés, décapités et enfin brûlés et ,en 1755, on assiste à un procès contre 7 morts en Moldavie. Ces expéditions punitives sur les morts furent fréquentes et développées au cours du siècle à tel point que les autorités des différents pays concernés furent amenées à prendre de mesures interdisant le recours à ces pratiques : en 1755, Marie-Thérèse d'Autriche ordonna une enquête sur le phénomène auprès d'un collège d'experts physiciens afin de rationaliser le problème. De son côté, le pape Benoît XIV, qui avait d'abord dénoncé le vampirisme avant de se rétracter, se déclara lui aussi choqué par ces profanations répétées et interdit toute cérémonie d'exorcisme visant à exhumer un cadavre dans un cimetière, déclarant qu'un corps conservé dans la terre ne relevait ni de Dieu, ni du diable, mais qu'il constituait un simple fait biologique.

-Le XIXe
A cette époque, le Vampire n'est plus accusé d'engendrer les calamités, maladies et épidémies, et privé de ce rôle essentiel, il aurait dû disparaître à jamais. Mais ce n'est pas le cas, il réapparaîtra en Angleterre prise dans la logique d'une révolution industrielle doublée d'un froid matérialisme rigide et étouffant. Au milieu d'une société qui réprimait tant l'âme humaine, la littérature replongea directement ses racines dans ce qui n'était plus que folklore. Le Fantastique, populaire depuis le XVIIIème, et renouant avec les démons familiers de l'âme, devint un moyen de se soustraire à cette réalité oppressante, et se fit porte-parole de l'inconscient . Le vampire se retrouva ainsi investi d'une nouvelle mission, à savoir exalter nos peurs déguisées sous couvert de la fiction fantastique. D'abord sous la plume de Polidori ("The Vampyr", 1819 et sa suite française "Lord Ruthven et les vampires" par Cyprien Berard, de 1820), puis sous celle de LeFanu ("Carmilla", 1872). Mais il est aussi présent dans quelques études (les ouvrages de Montague Summers (1880/1948), ou un article dans le "Dictionnaire infernal" de Collin de Plancy, qui raconte l'histoire du vampire Harppe). Mais il existe cependant quelques cas de vampirisme, comme, par exemple, en 1871, celui de Croglin Grange, qui fut romancé par la suite.

Mais l'apogée du vampire en cette fin du XIXe siècle reste sans conteste le célébrissime " Dracula ", de Bram Stoker. (1892) :le roman, basé sur de nombreuses recherches sur les ouvrages du siècle précédent, et, bien que l'auteur ne se soit jamais rendu en Transylvanie, ce roman porte en lui la force des anciennes croyances, mais il les réduit néanmoins de façon involontaire à une caricature de ce qui fut le Voleur de Vie. Le succès du "Dracula" entraîna de nombreuses adaptations cinématographiques, citons, entre autre, "Nosferatu" de Murnau (1922), ou "Dracula" de Ted Browing, premier film parlant sur les vampires (1931) au "Bram Stoker's Dracula" de F.F. Coppola (1992), plus d'une centaine de films sont consacrés au célèbre Comte. Cela acheva de répandre le Nosferatu et d'effectuer le remplacement des autres formes de vampires dans les esprits.



16/11/2008
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